National | Par Didier Bouville

Répartition de la valeur : des avancées en demi-teinte

Didier Guillaume et Bruno Le Maire, le 13 février, lors du comité de suivi des relations commerciales (Actuagri).

Dans le cadre d’un comité de suivi des relations commerciales, le ministre de l’Économie et des Finances, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Economie et des Finances, ont réuni, le 13 février, les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs. L’occasion pour les acteurs des filières et pour le gouvernement de faire un point d’étape sur les négociations en cours et sur la mise en place des mesures issues de la loi Egalim.

Le 13 février, les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs se sont réunis à Bercy sous l’égide de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, dans le cadre d’un comité de suivi des relations commerciales. Les négociations en cours semblent respecter le calendrier puisque d’après la FCD, « malgré la sortie tardive de nombreux textes, de nombreux accords ont déjà été signés : de 15 à 40 % des accords avec les PME, et de 20 à 30 % (et jusqu’à 40 %) en masse concernant les grandes marques nationales».

Cette réunion était aussi l’occasion pour les acteurs des filières de faire un point d’étape sur la mise en place des mesures issues de la loi Egalim. Bruno Le Maire a d’ailleurs confirmé que le gouvernement regardait avec beaucoup d’attention l’application des règles définies dans la loi Egalim et notamment le relèvement du SRP, « dispositif clé de la loi ». Les représentants du Gouvernement ont indiqué que des comportements critiquables subsistaient, avec notamment la persistance de pratiques très contestables en matière de pénalités logistiques, les déréférencements visant à faire pression sur les fournisseurs qui restent fréquents, et enfin le comportement des centrales d’achats qui demeure un sujet de préoccupation.

De plus, Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher ont fait part des anomalies relevées par la DGCCRF concernant le respect des conditions de promotions, en vigueur depuis le 1er janvier 2019. Le ministre de l’Economie et des Finances estime, tout de même, que le premier bilan du relèvement du SRP est positif, « les représentants des agriculteurs qui étaient présents tirent eux aussi un bilan positif de cette première application du relèvement du SRP », souligne le ministre. Concernant le retour de valeur aux producteurs, le Gouvernement et les représentants des producteurs s’accordent à dire que l’impact des EGA est particulièrement visible dans la filière laitière, « il permet réellement d’améliorer le revenu des paysans», se félicite Bruno Le Maire.

Des améliorations qui ne concernent pas tous les secteurs

Pourtant, les accords favorables permettant une hausse substantielle des prix payés, rendus publics « à grand renfort d’opérations médiatiques », ne concernent qu’une partie mineure du lait produit et transformé en France. « Dans la filière laitière, il y a eu des avancées ponctuelles par certains distributeurs avec certains industriels », précise Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Si l’on observe ponctuellement des changements d’attitudes, ils ne semblent pas concerner tous les secteurs, « autant je me réjouis pour les producteurs de lait, autant nous sommes très exigeants pour les producteurs de viande, car à ce jour les hausses ne sont pas au rendez-vous », se désole la présidente de la FNSEA. « Si ces hausses n’arrivent pas dans les 15 jours il n’y aura pas de retour de valeur aux producteurs», ajoute-t-elle.

Dans la filière céréalière les prix ne semblent pas non plus au rendez-vous. Face aux « belles déclarations » de certains, et à « la mauvaise foi » d’autres, la FNSEA et JA ont donc rappelé l’importance d’appliquer l’ensemble du dispositif prévu par la loi EGalim. Bruno le Maire a cependant réaffirmé, après avoir rappelé qu’il avait été ministre de l’Agriculture, que le gouvernement était « totalement déterminé à améliorer le revenu des producteurs, afin que chaque paysan français puisse vivre mieux de sa production et de son travail».

« Pour le moment 0 centime est revenu dans les cours de ferme suite aux EGA alors que cela semblait être une priorité », s’agace pourtant Jérémy Decerle, président de Jeunes agriculteurs et éleveur de bovins allaitants. Il souligne également que le travail avec certains acteurs, dont un en particulier qui représente près de 60 % du secteur de la viande, est compliqué. « Il faut que l’État prenne ses responsabilités et sanctionne comme il se doit ceux que ne veulent pas jouer le jeu, comme la loi le prévoit », insiste le président de Jeunes Agriculteurs.

Bruno le Maire assure qu’il a demandé à la DGCCRF de faire tous les contrôles nécessaires pour garantir la bonne application de la loi. De son côté, Didier Guillaume s’est engagé avec tous les acteurs de la filière, distributeurs, industriels et producteurs à regarder attentivement la manière dont les dispositions de la loi pouvaient s’appliquer aux MDD, « un élément-clé de la consommation des Français».

Le gouvernement semble porter une vision positive de ces négociations et de la mise en place des mesures issues de la loi Egalim, pourtant du côté des professionnels le bilan semble plus mitigé, les producteurs regrettent notamment que les effets de la loi ne se fassent pas ressentir dans toutes les filières. « Dans ces réunions les ministres disent vous voyez ça va mieux, mais nous producteurs nous ne croyons que ce que nous voyons et pour le moment dans certains secteurs, ce n’est pas rassurant », confirme Christiane Lambert.

Actuagri

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