Aveyron | National | Par Didier Bouville

Prix du lait : «L’Etat doit s’engager pour le respect des accords» [point de vue]

Michaël Chavatte, président de la FRPL et de la section Bovins lait FDSEA, réagit sur l’annonce du groupe Lactalis de payer le lait 312 €/1 000 litres, au mois d’août, au lieu des 340 € demandés par la profession.

– Pourquoi défendez-vous ces 340 €/1 000 litres ?

Ce chiffre, nous ne l’avons pas sorti du chapeau. Nous nous sommes basés sur les valorisations obtenues par les entreprises sur les produits de grande consommation et les marchés industriels du beurre et de la poudre. Lactalis et Savencia refusent de payer les 340 € en minimisant leurs gains et en réfutant les chiffres de la FNPL. Or, nous savons qu’elles ont les moyens de payer ! Je tiens à rappeler qu’avec un lait payé à 340 € jusqu’à la fin de l’année, cela ne fait au global que 320 € pour 2015. Nous rentrerions donc à peine dans nos frais, sans parler de sortir un salaire… Concernant la coopérative Sodiaal, elle s’engage sur le prix au mois d’août. Nous lui demandons de poursuivre cet effort. Pour cela elle devra faire passer ses producteurs avant ses projets d’investissement. A année exceptionnelle, mesures exceptionnelles !

– Qu’attendez-vous des actions nationales et européennes du 3 et du 7 septembre ?


Du gouvernement français nous attendons qu’il agisse pour rééquilibrer les rapports de force. Il suggère de négocier depuis le début de la crise, mais nous nous apercevons que nous n’avons pas assez de moyens pour peser contre les industriels et la grande distribution.
Nous demandons aussi que le gouvernement fasse respecter les accords. Se battre sur le plan juridique est trop lent quand des trésoreries d’exploitations sont au plus mal. L’Etat doit prendre des sanctions économiques rapides contre les entreprises qui ne jouent pas le jeu, mais qui bénéficient d’aides, comme le CICE par exemple. D’ailleurs, nous, exploitants, devrions bénéficier aussi du Pacte de responsabilité, au même titre que les autres entreprises. De plus, nous demandons qu’il légifère sur des clauses minimales dans les contrats amont/aval, comme une interdiction de vendre à perte ou un revenu minimum pour le producteur.
Enfin, nous exigeons, avec nos collègues européens, que l’Union remette en place des outils de régulation des marchés, comme l’aide au stockage. Les seuils d’intervention sont aujourd’hui ridiculement bas. Ils doivent remonter à au moins 250 ou 260 €/1 000 L. Nous souhaitons aussi que les pénalités en cas de dépassement des quotas, collectées en 2014, soient réinjectées, comme cela fut le cas en 2009, sous forme d’aides directes aux producteurs. Les élevages de montagne doivent bien sûr toucher une aide revalorisée.

– Quelles sont les actions que la filière peut envisager ?


Nous tenons un conseil d’administrations FNPL, mardi 8 septembre, d’où devrait sortir un mot d’ordre national. Pour ma part, je pense que nous devons nous appuyer sur l’engagement des GMS à relever les prix. Pourquoi ne pas envisager de leur demander de déréférencer les produits des entreprises qui bafouent les accords ? Cela montrerait que leur engagement n’est pas feint et donnerait aussi une bonne image auprès des consommateurs.

Recueilli par B. CAREL

Lire aussi dans la Volonté Paysanne datée du jeudi 3 septembre 2015.

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