National | Par Didier Bouville

Négociations commerciales : «mettre la pression sur les distributeurs» [point de vue]

Alors que les négociations commerciales, commencées début décembre, se déroulent aussi mal que les autres années en dépit de la charte d’engagement et des travaux issus des Etats généraux de l’alimentation, le secrétaire général adjoint de la FNSEA, Patrick Benezit (notre photo), appelle les FDSEA à s’emparer du sujet pour mettre la pression sur les distributeurs.

– Quels sont les premiers retours sur la façon dont se déroulent actuellement les négociations commerciales 2018 ?

Patrick Bénezit : Les négociations commerciales ne se déroulent pas du tout ni dans l’esprit des Etats généraux de l’alimentation, ni dans l’esprit de la charte d’engagement. C’est d’autant plus perturbant que les conclusions des ateliers des états généraux ont été acceptés et validés par l’ensemble des représentants des filières. C’est très révélateur du non-respect de la parole, du non-respect tout court de la part de gens indécrottables qui n’accordent aucune valeur ni à leur signature, ni à leurs engagements.

– Un comité de suivi des relations commerciales a été réuni le 19 janvier sous l’égide du ministre de l’agriculture et de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie. Qu’attendez-vous du gouvernement ?

P. B. : S’il n’y a pas une loi extrêmement forte avec des sanctions très dures, rien ne changera. Aujourd’hui, il faut que tout le monde ouvre bien grand les yeux. La réglementation devra être extrêmement complète, avec des sanctions et des processus juridiques rapides, des moyens de contrôle important, qui font que les règles sont respectées. Il est malheureusement démontré que ce pays ne peut pas fonctionner sans règles… On souhaite que le texte de loi, qui sera présenté le 31 janvier en conseil des ministres, reprenne bien les éléments des états généraux de l’alimentation : il devra être ferme sur les prix abusivement bas, les coûts de production devront être construits en référence à des indicateurs institutionnels nationaux, l’ensemble des produits alimentaires, notamment frais, devront être soumis à un encadrement des promotions, il faut acter le relèvement du seuil de revente à perte, et que les clauses de renégociation des prix soient bien légiférées.

– Sinon, vous en viendrez aux actions syndicales ?

P. B. : Les actions syndicales ont déjà commencé mais au vu de la situation, il faut qu’elles s’amplifient. Nous comptons sur la loi et la détermination du Gouvernement mais dès à présent, il est nécessaire de mettre la pression sur les distributeurs et sur certains industriels pour que d’ici la fin des négociations commerciales, fin février, ils se souviennent de leurs engagements. Nous voyons aujourd’hui des promotions inouïes, il y a matière à aller dans les magasins. Les FDSEA doivent mettre la pression sur tous ces gens qui ne respectent pas leurs engagements et leur signature !

Lire aussi dans la Volonté Paysanne datée du jeudi 25 janvier 2018.

 éleveurs+GMS+FNSEA

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Dans un communiqué du 31 mai, la FNSEA et JA ont annoncé une mobilisation nationale à partir du 10 juin.Les organisations indiquent que dans l’ensemble des régions, des agriculteurs vont bloquer des sites stratégiques, symboles des distorsions de concurrence subies par l’agriculture. L’objectif est de faire entendre au Gouvernement l’injustice que ressent le monde agricole face à la compétition déloyale qu’il se voit imposer.La FNSEA et JA estiment que, si le projet de loi qui vient d’être adopté à l’Assemblée nationale, instaure un code de la route plus favorable à un retour de valeur pour les agriculteurs, il impose également de nouvelles charges et que des signaux sont émis en faveur d’une concurrence déséquilibrée avec les produits importés.Pour les deux…