National | Par Didier Bouville

Macron défend une PAC qui protège, transforme et anticipe

 

Dans l’enclos d’Imminence, vache Bleue du Nord égérie du salon de l’agriculture 2019, le chef de l’Etat Emmanuel Macron discute avec la famille de l’éleveur, avant de commencer la traditionnelle déambulation dans les allées du salon (Actuagri).

Macron défend une PAC qui protège, transforme et anticipe

Le président de la République a profité de l’ouverture de salon de l’agriculture, le 23 février, à Paris, pour présenter aux agriculteurs, notamment les plus jeunes, sa vision de la PAC et d’une Europe agricole répondant à trois promesses : protéger, transformer, anticiper.

Avant de déambuler dans les allées du salon de l’agriculture, où il a été salué plutôt chaleureusement par le public, le président de la République a ouvert l’évènement le 23 février en prononçant un discours sur l’Europe agricole, devant 500 représentants du monde agricole dont la moitié de jeunes agriculteurs européens et d’élèves de lycées agricoles. Quelques semaines avant les élections européennes, Emmanuel Macron a tenu à rappeler son attachement à la PAC et à l’unité européenne pour assurer une souveraineté alimentaire mais aussi « environnementale et industrielle ».

« Le vrai risque qui guette notre agriculture, ce n’est pas la concurrence entre Etats européens, ce serait plutôt notre dépendance aux importations, et donc d’être tributaire de l’augmentation du coût des matières premières, qui ne manquera pas d’arriver sous l’effet de la demande chinoise », a-t-il rappelé, citant en exemple les engrais phosphatés russes ou le soja OGM américain. D’où l’importance, aussi, d’accélérer le plan protéines, un travail qui est aujourd’hui engagé en France, mais qui doit aussi être mené au niveau européen. « Sans la PAC, l’Europe ne sera pas capable de faire valoir ses choix au monde », a-t-il poursuivi, rappelant les valeurs et les normes (environnementales, sociales) élevées de l’Union européenne.

Protéger les agriculteurs

Pour y parvenir, la première étape est de conserver une PAC protectrice pour les agriculteurs, en la faisant évoluer : « je prends ici l’engagement que soit inscrit dans la nouvelle PAC l’objectif de protéger les agriculteurs d’Europe des risques de marché et climatiques », a promis le président. Une protection qui passera par la mise en place « d’une réserve de crise pluriannuelle et réactive », des mécanismes de régulation des filières plus performants et plus facilement activables (via une meilleure articulation des outils privés et publics, notamment), et une diversification des cultures en fonction des bassins de production.

Ces propositions ne remettent cependant pas en question les aides à l’hectare, « filet de sécurité pour les agriculteurs », a-t-il précisé. Concernant la protection du consommateur, Emmanuel Macron souhaite, entre autres, s’appuyer sur les nouveaux outils numériques pour « faire de l’Europe l’avant-garde de la data agricole », et développer la traçabilité.

Accompagner les transformations

Face à des exigences sociétales accrues en matière d’environnement, la PAC devra aussi être une incitation à l’innovation et à la transition agricole, estime le chef de l’Etat. Une transition qui doit être basée sur la recherche de qualité, à travers la structuration par filière au niveau européen, et des investissements dans le maillon de la transformation pour que la valeur créée reste sur le territoire européen. Le fonds européen d’investissement, doté d’un milliard d’euros, devra faciliter ces investissements. « C’est à cette échelle qu’il est possible de pratiquer à plein la segmentation », indique le président, prenant l’exemple du blé français qui, concurrencé par la Russie et l’Ukraine, doit aujourd’hui développer une offre technique complexe, plus adaptée aux besoins des clients. Il faut également « aller plus loin ; une part significative de la prochaine PAC doit être consacrée à la protection de l’environnement », rémunérant les services environnementaux, et que chaque Etat membre y participe de façon équivalente (à travers un eco-scheme qui ne serait donc pas optionnel).

Enfin, le président a rappelé sa volonté de miser davantage sur la recherche pour anticiper les impasses lors d’interdiction d’utilisation de certains produits phytosanitaires, comme pour le glyphosate ou le dichloropropène (utilisé notamment dans la production de carottes). Enfin, les transitions agricoles ne pourront se produire sans un fort renouvellement des générations. Or, la France « a perdu un quart de sa surface agricole sur les cinquante dernières années », a souligné Emmanuel Macron, conscient du « défi » que constitue son objectif de « zéro artificialisation nette ». Le président a promis « une loi foncière à venir » et des mesures pour faciliter l’installation. Il se rendra également au Sommet mondial des jeunes agriculteurs qui doit se tenir en avril prochain à Paris.

Un discours apprécié par la profession agricole

Jérémy Decerle, président de Jeunes Agriculteurs, a salué la prise de parole d’Emmanuel Macron, appréciant un « discours fort et ambitieux sur le renouvellement des générations, la PAC 2020 et les distorsions de concurrence ». Il sera néanmoins vigilant quant à la concrétisation de ces promesses. Pour Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, « on se retrouve tous dans ce discours-là, construire la sécurité alimentaire en tenant compte de la planète ». Sur la question de la valeur, « il a parlé de montée en gamme, il n’a pas tort », estime-t-elle. En France, on l’a déjà fait, indique-t-elle, citant le bio, les certifications. La présidente de la FNSEA salue également la volonté d’accélérer la recherche, car « sur les produits phytosanitaires, la pression sociétale fait que tout cela va plus vite ».

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