National | Par Didier Bouville

Le président de la MSA alerte sur la situation désespérée d’une partie des agriculteurs

(Photo archives)

En 2016, le nombre d’appels à l’aide enregistrés sur la plate-forme téléphonique de prévention du suicide mise en place par la MSA, a plus que doublé: 2 664 contre 1 219 en 2015.

C’est ce qu’a déclaré le président de la MSA Pascal Cormery en répondant à des questions de l’AFP dans le cadre du Salon de l’agriculture le 26 février. Il rappelait que l’an dernier, plus de la moitié des agriculteurs auraient eu un revenu de seulement 4 248 € par an.

En 2015, ils étaient 38%. « Ceux qui ont du terrain vendent une parcelle, mangent les économies quand ils en ont, ou s’endettent encore plus », dit-il, en s’inquiétant de la « différence de traitement » entre départements pour l’éligibilité au RSA des agriculteurs. Vingt mille fermes seraient menacées de disparition en France selon ce qu’aurait affirmé Xavier Beulin, président de la FNSEA, peu avant son décès.

Dans une interview à Agra Presse daté du 27 février, le président du Crédit agricole Dominique Lefebvre indique que c’est aujourd’hui, au moment de la préparation de la nouvelle campagne agricole, que les situations les plus difficiles vont apparaître. Il évoque 2 à 3% des exploitations qui sont en « risque fort » en constatant que les centres de gestion, avec leurs données, estiment ce niveau deux fois plus élevé.

Trésorerie des agriculteurs : «la partie de vérité se joue aujourd’hui» affirme le patron du Crédit agricole

C’est aujourd’hui que va se connaître l’ampleur des difficultés des exploitations agricoles, affirme le président du groupe Crédit agricole Dominique Lefebvre dans une interview à Agra Presse qui paraît au moment de l’inauguration du salon de l’agriculture par le président de la République.

« La partie de vérité se joue aujourd’hui » explique-t-il, quelques mois après l’application d’un plan de soutien aux trésoreries auquel peu d’agriculteurs avaient semblé vouloir adhérer. « Selon nos chiffres, affirme Dominique Lefebvre, 2 à 3 % des exploitations sont en risque fort. Mais les chiffres que nous communiquent les centres de gestion sont 2 à 3 fois plus alarmants ».

Il évoque un nombre « qui est loin d’être marginal pour lesquelles un diagnostic de viabilité risque d’être engagé. » « Le versement des avances de trésorerie et les allégements de charges en fin d’année ont repoussé l’échéance, mais c’est une situation temporaire. Je crains que nous sous-estimions encore le nombre d’agriculteurs en grande difficulté. »

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